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Faire du bruit pour les femmes - IRAN

Dernière mise à jour : 17 déc. 2022

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Le 25 novembre, journée internationale pour l'éradication des violences faites aux femmes, l’équipe d’AT était présente au die-in organisé par #NousToutes à Lyon, pour rendre femmage aux victimes de féminicides en 2022.

Nous avons marché le lendemain, comme des milliers de personnes, pour lutter contre les violences faites aux femmes.

Partout dans le monde, les pancartes et les slogans nous rappellent combien la voix de la sororité est forte.

Faire du bruit pour les femmes, c’est être la voix de toutes celles qui sont réduites au silence.



Nous communiquerons régulièrement pour affirmer notre soutien aux femmes du monde entier et visibiliser leur courage.

Les violences ont lieu partout dans le monde et si le mode opératoire est différent, toutes découlent d'un système patriarcal dont la volonté, plus ou moins affichée, est de contrôler le corps des femmes.


En Iran, nous assistons à l'un des plus grands mouvements féministes de l'histoire et souhaitons rendre femmage au courage des iranien.nes.

Leur dire qu’on les voit, qu’on les entend et qu’on les admire.


! BREAKING NEWS ! annonce de l'abolition de la Police des mœurs* par le procureur général iranien le samedi 3 décembre. Cette information n’a pas été confirmée par le gouvernement.

* La Police des mœurs / Police de la moralité / Police religieuse est chargée de veiller au respect des mœurs islamiques en Iran.


Réelle avancée ou opération de propagande ?


Sociologue et spécialiste de l’Iran, Mahnaz Shirali parle “d’une opération de propagande du régime pour détourner l’attention de la communauté internationale sur les crimes et les exactions qui sont en train d’être commises en Iran. La République islamique veut se montrer souple, capable d’effectuer quelques réformes, alors que la violence envers les femmes en Iran est institutionnalisée…

Même si le pouvoir avait aboli la police des mœurs, ce n’est pas du tout suffisant pour les Iraniens qui demandent eux l’abolition de la République islamique. Donc, même si la nouvelle n’était pas fausse, elle ne serait pas suffisante aux yeux des Iraniens.

La violence envers les femmes est inscrite dans les lois iraniennes. Tant qu’elle sera institutionnalisée, à tout moment, des agents du régime peuvent kidnapper, torturer et violer les femmes. Et personne ne peut leur dire quoi que ce soit. C’est donc la Constitution seule qui doit changer, car elle renvoie tout à la charia [la loi islamique], dans laquelle il est inscrit que la vie d’une femme vaut la moitié de celle d’un homme. En Iran, le témoignage d’une femme devant le tribunal n’est même pas accepté.

Cette police, connue sous le nom de Gasht-e Ershad (patrouilles d'orientation), a été créée sous le président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad, pour "répandre la culture de la décence et du hijab". Pauline Brault, Huffpost 4.12.2022


Les manifestations antigouvernementales ont commencé à l’annonce de la mort de Jina Mahsa Amini le 16 septembre 2022, deux jours après son arrestation par la police des mœurs de Téhéran pour “ne pas avoir porté correctement son hijab''.

Le régime iranien refuse d'assumer la responsabilité de sa mort, déclarant que Mahsa “est tombée dans le coma après avoir soudainement souffert d'une insuffisance cardiaque au poste de police et qu’elle était tombée au sol”.

Pourtant, des témoins oculaires ont déclaré que la jeune femme s'était cognée la tête contre le flanc d'une voiture de police et qu’elle avait été sévèrement battue par la police pour avoir résisté à leurs insultes et agressions.

Les résultats de l'examen médical montrent quant à eux, qu’elle a souffert d’un accident vasculaire cérébral, d’une hémorragie cérébrale et d’une fracture osseuse.

Mahsa avait 22 ans, elle était kurde.

Ce n’est pas un hasard si la révolte est partie du Kurdistan iranien : les kurdes subissent depuis des siècles discriminations, persécutions et répression sanglante.


Ce mouvement d'ampleur s'est rapidement propagé au reste de l'Iran, se faisant chaque jour plus intense, et la répression chaque jour plus violente.

Dans la rue, les manifestant.es résistent aux forces de sécurité, scandant des slogans tels que "Zen, Zendegi, Azadi (Femme, vie, liberté)" et "Mort au dictateur".

Depuis la mort de Mahsa, des milliers de personnes ont été blessées, au 22 novembre, on dénombrait 416 mort.es.

Les forces de sécurité iraniennes utilisent des gaz poivrés, se servent de fusils de chasse, de fusils d'assaut, de matraques et autres armes de poing. Des chars et des hélicoptères sont déployés.

Malgré tout, les femmes se rebellent contre le régime en retirant leur voile, d'autres en le brûlant et en se coupant les cheveux.

C'est le cas de Nika Sakarami, qui a disparu après avoir été placée en garde à vue, elle a finalement été "retrouvée morte" par la police, couverte d’ecchymoses sur le visage.

Le seul fait de partager du contenu au sujet des manifestations sur les réseaux sociaux est passible de mort : Hadis Najafi, 22 ans, a été arrêtée et tuée une heure après avoir publié une vidéo sur Instagram la montrant en train de se rendre aux manifestations de Karaj avec ses ami.es.

Les enlèvements sont extrèmement nombreux, un climat de peur extrême règne alors que la répression s’intensifie.

Les services de sécurité interviennent aussi dans les cafés et restaurants pour se saisir d'une personne recherchée, les proches restent sans nouvelles, sans savoir si elle a été enlevée, arrêtée ou si elle se planque.

"La figure le plus emblématique reste celle d’Armita Abbasi, 20 ans, enlevée début octobre par des miliciens du Bassidj (la milice rattachée au corps des gardiens de la révolution). Une enquête de la chaîne CNN a établi qu’elle avait été transportée, le crâne rasé, tremblante et en état de choc, le 17 octobre, à l’hôpital Imam-Ali de Karaj (grande banlieue de Téhéran), à la suite d’hémorragies et de blessures internes provoquées par de multiples viols. Elle n’y est demeurée qu’une journée. Quand sa famille a finalement su où elle se trouvait, son lit d’hôpital était vide. Elle avait à nouveau été kidnappée.

Plus aucune nouvelle d’elle depuis. Cherchant à nier les viols, le procureur de Karaj a prétendu, dans un communiqué, qu’elle avait été soignée pour des problèmes d’intestin avant de l’accuser, sans aucune preuve, d’avoir été une leader des manifestations et fabriqué des cocktails Molotov." Jean-Pierre Perrin dans @Mediapart du 3.12.2022, article à retrouver en bas de page.

De nombreuses vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux révèlent les agressions sexuelles commises par les forces de sécurité iraniennes à l’égard des manifestantes. Ces images ont choqué l’opinion publique et ont permis de mettre en lumière des rapports faisant état de faits similaires dans les prisons.

Les récits se sont multipliés et ont permis de confirmer que les agressions sexuelles sont régulièrement filmées afin de contraindre les victimes au silence.


Depuis la révolution de 1979, le peuple iranien vit sous le régime, misogyne et violent, de la République Islamique. La contestation en Iran marque un tournant dans la lutte contre les violences systémiques perpétrées par le régime.

Les événements déclenchés par la mort de Mahsa Amini ont fait remonter à la surface des décennies d'oppression, de musellement, exacerbant la colère des femmes.

Les iranien.nes n’en peuvent plus de subir et choisissent de s’exprimer, au péril de leur vie.

Si les autorités présentent ces événements comme une guerre, qualifiant les manifestant.es de "terroristes" et de "séparatistes", il est clair qu'il s'agit bien d'une lutte révolutionnaire, initiée par des femmes, un combat inégal qui menace le régime et le patriarcat.

Le gouvernement iranien ferme régulièrement Internet et supprime les voix d’opposition par des arrestations massives. L’accès des journalistes à l’intérieur de l’Iran est également fortement limité. Malgré cela, les images et témoignages se propagent dans le monde entier et donnent à voir le courage des iranien.nes.

Le combat est inégal mais la révolution anti-patriarcat est bien en marche, partout.



Crédits

Photo 1 @autambour

Photo 2 UGC / AFP

Illustration @mariam.tafsiri


ALLER PLUS LOIN


IRAN, le soulèvement des femmes

Série ARTE


ARTE Regards à partir du 14.12.2022

Une boxeuse et une activiste iraniennes ne peuvent rentrer chez elles car leur mode de vie est contraire à celui prôné par le régime islamique et sa redoutée police des moeurs. Elles n'ont pas vu leur famille depuis des années. Mais aujourd'hui, la diaspora iranienne a retrouvé l'espoir depuis qu’à Téhéran et dans tout le pays, la population manifeste pour la liberté. Les exilées luttent elles aussi pour cette révolution et rêvent d’un nouvel Iran.


Profession : documentariste


Un film de Shirin Barghnavard, Firouzeh Khosrovani, Farahnaz Sharifi, Mina Keshavarz, Sepideh Abtahi, Sahar Salahshoor, Nahid Rezaei / 2014



À la lumière des crises politiques, sociales et économiques en Iran, sept réalisatrices de documentaires indépendantes parlent de leurs vies personnelles et professionnelles, de leurs préoccupations et de leurs défis.










SOURCES










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